Un week-end de découvertes, de rencontres et de contributions
Salü bisàmme ! (Salut tout le monde), comme on dit en alsacien.
C’était mon troisième Wikicamp, cette fois dans la ville vibrante et multiculturelle de Strasbourg. J’avais déjà participé aux éditions de Narbonne et de Saint-Malo. En tant que contributeur actif sur Wikimedia Commons, Wikidata et Wikipédia, je vis toujours ces rassemblements comme des moments à la fois d’apprentissage, de partage, et de redécouverte des lieux d’accueil à travers le prisme Wikimedia.
Je suis arrivé tôt le matin et me suis directement dirigé vers le centre-ville. Ma journée a commencé — et cela tombait bien — avec un pain au chocolat et un cappuccino, bien loin de mon habituel café noir. Non loin de là se dressait l’imposante cathédrale de Strasbourg. Je l’avais déjà vue lors de précédentes visites, mais c’était la première fois que je prenais vraiment le temps de l’explorer en profondeur — à la fois comme visiteur et comme photographe pour Commons.
Après le petit-déjeuner, je me suis aventuré dans les ruelles historiques de Strasbourg. Chaque bâtiment semblait me raconter une histoire. Les détails architecturaux — notamment les fenêtres et les sculptures — me fascinaient. En tant que photographe et contributeur, je suis souvent confronté à un dilemme joyeux : quelle photo prendre ? On dit souvent que « tout a déjà été photographié », mais je ne le ressens jamais ainsi. Il y a toujours un nouvel angle, un détail oublié, une ombre différente. C’est pourquoi je reviens souvent de ces escapades avec des centaines de photos — et l’impression d’avoir vu quelque chose de neuf à chaque fois.
J’ai fini par revenir vers la cathédrale. Le grès rose, les sculptures ciselées… j’ai perdu la notion du temps en les contemplant. En contournant l’édifice vers le sud, je suis arrivé sur la Place de la Cathédrale, où le rythme des façades et les portes finement travaillées ont capté toute mon attention.
Je suis ensuite descendu vers la rivière. Les ponts décorés de pots de fleurs projetaient de magnifiques reflets colorés sur l’eau — une scène qui m’a rappelé avec tendresse le Wikitechstorm 2019 à Amsterdam. Le temps était lumineux, la ville rayonnait. À chaque détour, je m’arrêtais pour photographier les bâtiments anciens se mirant dans le courant. Parmi les églises croisées en chemin, la superbe église Saint-Thomas m’a particulièrement marqué.
Le temps pressait, mais mon envie d’explorer ne faiblissait pas. J’ai donc opté pour une croisière fluviale à travers les quartiers historiques. Ce fut un excellent choix. Depuis l’eau, j’ai pu admirer de nombreux monuments en peu de temps — y compris un ingénieux système d’écluse qui a élevé notre bateau au fil de l’eau. Cette prouesse technique nous a conduits à la Petite France, un quartier pittoresque qui a servi d'inspiration à de nombreux films. J’étais fasciné par son charme. Après la balade, je me suis arrêté déjeuner pour goûter la fameuse choucroute. En sortant du restaurant, j’ai aperçu un groupe de wikimédien·nes arriver. J’ai échangé quelques mots avec des visages connus, puis leur ai promis de les retrouver plus tard.
J’ai ensuite exploré à pied le quartier de la Petite France. Marcher m’a permis d’apprécier de près les maisons à colombages — leur géométrie évoquait pour moi un manuel de mathématiques populaires. J’ai rapidement atteint les Ponts Couverts, où les tours emblématiques se reflétaient dans l’eau en un ballet silencieux. J’ai eu la chance de visiter l’intérieur de l’église protestante Saint-Pierre-le-Jeune. Ses fresques vives et ses cloîtres paisibles m’ont offert un instant suspendu. Je suis resté là un moment, enveloppé de silence, laissant mes pensées flotter sous les arcs de pierre.
Plus tard, j’ai rejoint le lieu du Wikicamp en transports en commun. Voir toutes ces personnes réunies m’a réchauffé le cœur. Certain·es participant·es, je les avais croisé·es quelques semaines plus tôt à la rencontre Les sans pagEs à Lyon. Le dîner du soir fut une belle occasion de renouer les liens et d’échanger nos récits issus des différentes branches du mouvement.
Les deux jours suivants ont été riches en conférences inspirantes, en ateliers dynamiques et en collaborations spontanées. Un atelier m’a particulièrement marqué : il portait sur les questions d’éthique et de conflits d’intérêts. Par petits groupes, nous avons réfléchi à l’évolution possible du mouvement Wikimedia, tout en restant fidèles à ses principes fondateurs.
Une session a suscité de nombreuses discussions : elle portait sur la détection des biais dans les textes générés par l’IA. Organisée par Wikimédia France, cette séance analysait les enjeux que l’intelligence artificielle pose au principe de neutralité de Wikipédia. J’ai trouvé rassurant de voir la communauté anticiper ces défis, en développant des outils pour préserver l’intégrité éditoriale.
Une autre session était dédiée à Wikimania 2026, qui se tiendra l’an prochain à Paris. On nous en a présenté les grandes lignes : ce sera un moment fort, réunissant des Wikimédien·nes du monde entier pour célébrer, débattre et imaginer ensemble l’avenir de la connaissance libre — au cœur de la France.
Parmi mes moments préférés de ce Wikicamp, il y a eu la visite guidée — loin du circuit touristique habituel. Nous sommes repassé·es par la cathédrale, puis avons découvert le palais Rohan, ses musées voisins et plusieurs anciens hôtels particuliers. Nous sommes passés devant la Bibliothèque nationale et universitaire, en discutant du patrimoine culturel strasbourgeois et des transports publics de la ville.
Je me suis aussi arrêté à l’église Saint-Guillaume, un lieu inclusif et accueillant que je n’avais pas prévu de visiter mais qui m’a attiré. Elle arborait un drapeau arc-en-ciel (drapeau LGBTI+) — un geste que je n’attendais pas mais que j’ai profondément apprécié. J’en ai profité pour la documenter sur Wikimedia Commons.
L’un des moments les plus émouvants est survenu lors de la cérémonie de clôture, où nous avons découvert le travail de la communauté locale sur la Wikipédia en alsacien. Leur engagement à préserver la mémoire et l’identité régionales par la collaboration m’a touché. Cela m’a rappelé combien le mouvement Wikimedia est profondément multilingue et multiculturel — et combien chaque voix compte.